Le début de la décennie 2020 a indéniablement prouvé que la Fintech est le secteur le plus dynamique de la Tech française. Toutefois, l’année 2023 amène un contexte de troubles et d’incertitudes pour l’économie française et mondiale. Face aux défis pluriels de 2023, les Fintech, grandes gagnantes de 2022, devront s’adapter pour convaincre. Découvrons les tendances des fintechs en 2023.
Tendances des fintechs #1 : Quelle place pour la Fintech française en 2023 ?
La France parmi les grandes premières
En 2022, le succès de la Fintech made in France a hissé notre pays au rang de leader européen dans le domaine.
Cette tendance va continuer en 2023 comme semble montrer le succès de 4 Fintech françaises : Ledger, Qonto, Payfit, Younited Credit. Ces startups figurent parmi les plus dynamiques du secteur en 2023 et font partie des 5 plus grosses levées de fonds Fintech réalisées l’année précédente.
Jusqu’en 2022, la Fintech a fourni la plupart des Licornes françaises, ces startups valorisées à plus de 1 milliards d’euros. Au total, 2,9 milliards d’euros ont été levés par la Fintech française cette année, un montant en hausse de 30% par rapport à 2021.
Une tendance engluée pour les levées de fonds Fintech
Toutefois, le bilan du second semestre de 2022 vient ternir cet optimisme. Les flux d’investissement ont fortement réduit sur cette période. Seulement 25% des 2,9 milliards ont été levés sur la seconde moitié de l’année. Ce différentiel s’explique par un contexte économique en France assez troublé. La majorité des investisseurs Fintechs français ont recentré leurs capitaux sur des valeurs sûres. Un goût du risque moins prononcé qui pourrait affecter les Fintechs françaises en 2023. De plus, ¾ des levées de fonds Fintechs depuis 2021 concernent des séries B, C et D. Ces startups sont en train d’arriver à des états stables et sont susceptibles de moins avoir recours à des levées de fonds.
Tendances des fintechs #2 : la Fintech en Europe en 2023, dépendante d’un écosystème économique et politique
Un marché européen de la Fintech ultra concurrentiel pour 2023
En décembre 2022, on compte 26 licornes de Fintech au Royaume-Uni et 343 startups Fintech espagnoles. Le marché Fintech 2023 porte comme caractéristique première son ultra concurrence. Cette concurrence va de pair avec le dynamisme européen de ce secteur. Pour 2023, l’intention de la Fintech made in UK est d’être la grande gagnante du marché en dépit d’un contexte difficile depuis le Brexit. Cette année, il y a tout autant à craindre de la motivation de l’Espagne, de l’Allemagne et du reste de l’Europe. En 2022, le succès des Fintechs bulgare Trading 212 et suédoise Klarna fait porter le regard sur l’Europe scandinave et de l’Est.
D’où l’importance des enjeux économiques et géopolitiques pour les Fintechs
En 2023, les services financiers des Fintechs génèrent une demande accrue en traitement de données. Pour ces startups, l’enjeu du stockage et de la sécurité devient clé dans un contexte économique et géopolitique troublé. De nombreuses Fintech essuient des échecs majeurs depuis le début de la décennie 2020. Par exemple, la Fintech Finastar a subi une attaque sur ses serveurs sécurisés qui abritent les données de nombreuses banques mondiales. Tout en démocratisant l’accès aux technologies financières, les Fintechs vont en 2023 avoir recours à des processus toujours plus sécurisés et complexes. Notamment, on peut considérer le recours à l’IA comme principale tendance vers plus de sécurité en 2023 parmi les nombreuses tendances des fintechs.
Tendances des fintechs #3 : le modèle de la Fintech renouvelé en 2023
LA RSE pleinement intégré au modèle de la Fintech
La Fintech de 2023 évoluera selon la prise de conscience de son marché
En 2023, parmi les tendances des fintechs, les Fintechs vont chercher à s’adapter de plus en plus aux attentes des consommateurs. On voit sur le marché une considération poussée pour les critères ESG des startups. Proposer des produits financiers éthiques devient donc l’objectif principal pour bon nombre de Fintechs.
Celles qui ne placent pas cet objectif en priorité ne sont pas en reste. L’enjeu pour elles est de veiller au respect de la responsabilité d’entreprise. Autrement dit, en 2023, il n’est plus possible de proposer des services effectués dans un écosystème d’entreprise non soutenable pour les salariés et/ou pour l’environnement.
Le modèle de la Green Fintech s’inscrit dans une tendance de fond. En 2022, selon une étude réalisée par Kearney, 25% des clients de banques classiques se disent prêts à changer pour une banque qui place les critères ESG au cœur de ses investissements. Les banques Fintech ont un terrain de jeu qui s’ouvre pour elle : les investissements green.
Cette nouvelle direction de la Fintech est donc imposée par les clients même.
Et le début de la décennie 2020 n’a pas manqué de le souligner. En 2022, 30% des utilisateurs de la néo-banque allemande Tomorrow y ont ouvert leur compte principal. La Fintech qui avait levé 14 millions d’euros l’année précédente avait spécialisé son offre autour de la conscience des enjeux écologiques. En France, des Green Fintechs comme Helios ou Green Got ont émergé en 2020. Leur succès s’explique par une nouvelle génération de clients qui entendent changer le monde par la transition de la finance. En somme, une prévision de green tendance majeure pour les Fintechs de 2023.
Cependant, l’année 2023 apporte son lot de limites au modèle de la green Fintech
Tout d’abord, l’une des tendances des fintechs de 2022 restera de mise : la transition écologique demeurera onéreuse pour les Fintechs. Malgré d’importantes levées de fonds, il est difficile d’allouer autant de coûts pour une startup à des investissements ESG.
L’investissement peut s’avérer d’autant plus onéreux qu’il comporte des risques. Il ne répond parfois pas aux attentes des investisseurs Fintechs qui se désengagent alors. Dans le contexte économique troublé de 2023, la pérennité du modèle de la Green Fintech est mise en danger. De plus, l’économie Fintech continuera d’être opaque. Le manque de transparence quant à la pollution engendrée par ces services financiers demeure un danger pour les Green Fintech en 2023.
Les RH de la Fintech, à la recherche de la perle rare
Alors que la guerre des talents faisait traditionnellement rage dans le consulting et la banque d’affaires, cette concurrence d’attractivité gagne les Fintechs. 2023 s’annonce comme une année clé pour les responsables de ressources humaines dans les Fintechs. Les besoins en compétence s’accroissent car les Fintechs se déploient sur des terrains divers (assurance, comptabilité, investissements green).
Le besoin de profils qualifiés « Tech » pour une Fintech s’élève à 35% d’où la recherche constante de profils qualifiés. En 2022, le nombre de salariés Fintech a crû de 33% et avait déjà crû de 41% en 2021. Cette hausse continuera en 2023 au regard du nombre d’étudiants diplômés de master 2 ingénieur ou commerce qui augmente constamment.
Des partenariats stratégiques qui diversifient l’offre
En 2015, seule une banque classique, la Société générale, conclut un partenariat d’acquisition avec une Fintech, Fiducéo. En ce début 2023, le partenariat de la banque ou des services avec des Fintechs est devenu la norme. Dans l’exemple de la Sogé, cette banque possède aujourd’hui une dizaine de partenariats. Ses partenaires, comme TagPay, Fakturoid ou Smartkarma lui permettent de gagner de nouvelles parts de marchés comme l’Afrique ou l’Europe de l’Est.
Les partenariats sont divers et ne concernent en 2023 pas uniquement les banques. D’après une étude de PwC, 80% des sociétés d’assurance et de gestion au niveau mondial entendent renforcer leurs partenariats. Condition inévitable pour rester compétitive, le partenariat permet de questionner le modèle de la Fintech ainsi que de l’entreprise partenaire et d’améliorer conjointement leur rentabilité.
Voir 8 tendances pour entreprendre en 2023 selon Les Echos
En conclusion, entre le contexte économique et politique troublé, la nécessaire transition écologique et le tarissement des levées de fonds, la Fintech de 2023 devra faire face à de nombreux défis.