Aller au contenu

Pumpkin : explication de la faillite

Qu’il s’agisse du crédit ou encore des paiements, les fintechs s’attaquent aux activités traditionnelles des banques classiques qu’ils proposent de gérer en ligne, et s’inscrivent dans une perspective de concurrence face à celles-ci. Pour en savoir plus sur les fintechs : https://www.economie.gouv.fr/entreprises/fintech-innovation-finance. Seulement, ces fintechs sont nombreuses et certaines d’entre elles sont extrêmement performantes en France, ce qui entraîne aussi une concurrence entre elles, au point que certaines ne survivent pas dans cet écosystème. L’une d’entre elles a été lancée en 2014 en France, dans la région de Lille : Pumpkin. Malheureusement, elle a cessé son activité à la fin de l’année 2022. Intéressons-nous aux raisons de son échec.

C’est quoi Pumpkin ?        

pumpkin

Entre croissance et rachat

L’application Pumpkin a été créée en 2014 par trois étudiants de Lille, dont deux diplômés de l’Edhec, et dont la stratégie consistait à faciliter les paiements entre amis depuis un mobile. L’un de ses cofondateurs, Constantin Wolfrom, a déclaré : « Les virements bancaires, c’est encore un peu compliqué et envoyer du cash peut prendre du temps ». Forte de son potentiel et de son offre innovante, l’application Pumpkin se développe rapidement : trois ans après son lancement, elle enregistre 300 000 utilisateurs en ligne.

A la suite de deux levées de fonds et pour continuer son développement, l’appli Pumpkin est rachetée à 80 % de son capital par Crédit Mutuel Arkéa, un groupe implanté en France, qui ambitionne de transformer l’appli Pumpkin en néo-banque en soutenant financièrement les dépenses de l’entreprise. Une des principales raisons de cette opération réside dans le fait que la fintech Pumpkin dispose non seulement d’une « équipe de très grande qualité », mais aussi et surtout d’un « savoir-faire marketing lui permettant de créer une proximité avec ses clients sans commune mesure avec les banques traditionnelles », se félicite Ronan Le Moal, à la tête de Crédit Mutuel Arkéa.

Une offre en ligne innovante

L’application Pumpkin est totalement gratuite et disponible sur toutes les plateformes de téléchargement en ligne. Après l’avoir téléchargée, l’utilisateur doit y enregistrer ses informations personnelles et renseigner ses coordonnées bancaires. Ensuite, il peut utiliser le service initialement développé par les trois cofondateurs, à savoir les paiements entre particuliers. Uniquement à l’aide du numéro de mobile du bénéficiaire, l’utilisateur peut lui envoyer de l’argent mais aussi en recevoir de sa part.

Ce service révolutionne réellement la fonctionnalité « virement » proposée par les banques traditionnelles, dans laquelle il faut renseigner les coordonnées bancaires de son destinataire. A la suite de l’opération réalisée en 2017 par Crédit Mutuel Arkéa, l’application Pumpkin offre alors la possibilité de créer des comptes courants, et d’obtenir une carte bancaire pour effectuer ses dépenses, le tout sans condition de revenus et d’utilisation.

Grâce à ce service, l’utilisateur se voit proposer une nouvelle expérience client en ligne, notamment dans la gestion de son budget qui est alors facilitée car digitalisée depuis son mobile. Autre fonctionnalité, le cashback : lorsque l’utilisateur réalise des dépenses avec sa carte Pumpkin chez l’un des commerçants partenaires de la fintech, il récupère une partie de sa dépense sous forme de cashback.

Ce cashback est directement intégré dans les comptes Pumpkin, sans aucune démarche. Ainsi, l’appli Pumpkin se positionne en tant qu’acteur important dans la fintech bancaire en France grâce à son offre de services en ligne, mais c’était sans compter sur d’autres protagonistes déjà extrêmement en place.

L’échec retentissant de Pumpkin

Crédit Mutuel Arkéa stoppe les activités

En septembre 2022, les équipes de Pumpkin annoncent la fin des activités de la fintech d’ici la fin de l’année. L’application comptait alors 1,6 million d’utilisateurs, dont une large part utilisait Pumpkin de façon régulière.

Cette fintech était installée dans un secteur en forte croissance depuis la fin des années 2000, et qui a rapidement accueilli de nombreux acteurs. Paiement, crédit ou encore investissement, tous ces services ont été révolutionnés grâce aux nouvelles technologies et Pumpkin avait réellement su saisir cette opportunité d’innovation. Néanmoins, l’application 100% française s’est heurtée à certains obstacles vraisemblablement insurmontables.

La concurrence accrue en France

Comme évoqué précédemment, le secteur de la fintech bancaire est déjà bien peuplé. On retrouve les incontournables comme Lydia, qui compte actuellement près de 6 millions d’utilisateurs, mais également Paylib qui en compte près de 25 millions. La concurrence féroce dans ce secteur, constituée d’une part par les banques traditionnelles mais aussi et surtout par les autres fintechs bancaires, a eu en partie raison de Pumpkin.

Crédit Mutuel Arkéa souligne que, malgré l’ensemble des efforts réalisés par les équipes de la fintech mais aussi des efforts financiers consentis par le groupe, Pumpkin n’a pas réussi à s’organiser autour d’un modèle économique solide et durable dans un secteur très concurrentiel.

Malgré la communauté importante qu’avait déjà réussi à rassembler Pumpkin en France grâce à son offre, il n’y avait vraisemblablement pas la place pour faire face aux fintechs en présence, déjà très développées et diversifiées. La stratégie de Lydia et Paylib consiste à proposer initialement des services similaires à ceux de Pumpkin, mais ceux-ci ont su, comme le soulignent des experts, proposer des services en ligne qui entrent dans la catégorie du « petit plus », ce que Pumpkin n’avait pas.

Que restera-t-il des actifs en présence ?

La fintech Pumpkin rassemblait avant la fin de ses activités 56 salariés en France, qui verront alors leurs postes supprimés. Mais le groupe Crédit Mutuel Arkéa a réfléchi à un plan de réorganisation des activités de la fintech pour ainsi élaborer un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) actuellement à l’étude.

L’ensemble des salariés se verra proposer deux postes dans le groupe et ses filiales, qui correspondent à leurs compétences et expériences, mais aussi aux critères géographiques qu’ils auront imposés. Concernant les clients, ils seront informés et bien accompagnés, et des modalités seront mises en place pour ceux dont le compte courant possède encore de l’argent.

Laisser un commentaire

%d blogueurs aiment cette page :